Obtenir d’un juge une injonction de payer est une procédure relativement simple ; le créancier doit déposer une requête auprès du président du Tribunal compétant en mentionnant le montant de sa créance, et en joignant à la requête tous les documents justificatifs. Le débiteur peut ne pas être prévenu à cette étape de la procédure...
L’injonction de payer est une procédure de recouvrement judiciaire, relativement rapide, et peu onéreuse.
Cette procédure est prévue par les articles 1405 à 1425 du Code de Procédure Civile.
Pour recourir à cette procédure de recouvrement judiciaire, la créance de nature contractuelle doit être certaine, liquide et exigible. La créance doit aussi être d’un montant déterminé et justifiée par des pièces comptables.
Cette créance peut se présenter sous la forme :
- de l’acceptation d’une cession de créance,
- d’une traite ou d’une lettre de change,
- d’un billet à ordre,
- ou de toute facture en bonne et due forme
L’injonction de payer permet d’obtenir d’un juge un titre exécutoire, une ordonnance d’injonction de payer, afin de recouvrer sa créance.
Enfin, il faut savoir que la première phase de cette procédure n’est pas soumise au principe du contradictoire. En effet, le créancier peut obtenir l’ordonnance d’injonction de payer sans même que le débiteur ne soit avisé de la procédure.
S’il y a opposition du débiteur suivie de jugement, et selon le montant du litige, ce jugement est rendu soit en premier ressort et est donc susceptible d’appel, soit en dernier ressort et dans ce cas susceptible du seul recours en cassation. Le créancier peut faire signifier et exécuter ce jugement selon les règles classiques de la procédure civile...
Une fois que la requête est déposée, trois puis deux options existent.
Au niveau du juge il y a trois options possibles:
- Le juge estime que les justificatifs fournis par le créancier sont tels qu’ils prouvent la réalité de la dette et il rend alors une ordonnance d’injonction de payer, en d’autres termes, il ordonne au débiteur de payer. Le créancier a 6 mois pour présenter cette injonction de payer à son débiteur.
- Au vu des justificatifs fournis, le juge peut aussi ordonner un paiement partiel. Le créancier peut accepter ou refuser.
- Enfin, le juge peut aussi estimer que les justificatifs fournis par le créanciers sont insuffisants comme preuve de la réalité de cette créance et rend alors une ordonnance de rejet. Cette ordonnance ne peut faire l’objet d’aucun recours. Et le créancier qui veut poursuivre dans la voie du recouvrement judiciaire doit engager une procédure de droit commun.
Au niveau du créancier il y a deux possibilités:
Une fois que la signification lui a été faite, le débiteur a un mois pour contester et faire opposition au Greffe du Tribunal.
S’il ne le fait pas, l’ordonnance devient exécutoire et la créance devient recouvrable par voie d’huissier de justice.
Si le débiteur conteste, les deux parties sont alors convoquées, en audience publique, devant la même juridiction qui a rendu l’ordonnance contestée.
Chacune des parties plaide sa cause, explique ses motifs, fournit des justificatifs, puis le juge rend un jugement qui se substitue à l’ordonnance d’injonction de payer.
Selon les cas, et au vu des nouvelles pièces, ce jugement peut confirmer ou infirmer, totalement ou partiellement, la décision initiale.
Détail de l'engagement d’une procédure d’injonction de payer
La procédure d’injonction de payer est une formalité qui permet l’obtention d’un verdict judiciaire sans que créancier et débiteur n’aient besoin de se présenter. L’ordonnance soumise par le juge représente un titre exécutoire, cela signifie qu’elle va aider le créancier de faire appel à un officier ministériel pour qu’il effectue à la réquisition des biens ou d’un montant sur le compte du débiteur. En vérité, un huissier doit disposer d’un tel titre afin de poursuivre des actes de récupération : saisies, liquidations forcées, enregistrement d’hypothèque judiciaire…
La demande tend à imposer le débiteur à rendre régulier la conjoncture. Il concerne une sollicitation soumise au greffe du tribunal. Elle doit comporter quelques annotations sous peine de caducité telle que:
- statut marital du demandeur et du défendeur
- mobile de la requête
- détail des montants exigés
- papiers justificatifs,
- indication de textes législatifs.
Après cette démarche, le juge rend un verdict où est dévoilé son jugement.
L’instruction de sommation de payer permet de recouvrer un impayé. Il s’avère impossible de l’engager si le débiteur fait l’objet d’un procès de redressement ou de succession judiciaire ; s’il habite à l’étranger et ne possède aucune compagnie en France. Une action européenne de citation à payer a toutefois été implantée dans les années 2008.
Si le créancier veut à tout prix obtenir le règlement d’un chèque sans provision : le mieux serait d’entamer une poursuite particulière de recouvrement. Cette méthode peut être interminable, donc garantir sa créance est essentiel.
À part ces limitations, la procédure d’injonction de payer est d’usage libéral. Elle peut par conséquent être employée quand la créance découle d’un accord, ou d’une contrainte légale et que son coût est précisé ; qu’elle ressort d’une lettre de change, d’un billet à ordre, de l’approbation d’une vente de créance professionnelle ou bordereau Dailly ou d’une inacceptation d’acquittement du débiteur.
Le débiteur peut se présenter sous l’aspect d’un individu physique ou moral de droit privé, l’important est qu’elle soit implantée en France (entreprise, GIE, coopérative, consortium). Sont écartées les personnes morales de droit public.
Identification de la juridiction capable
Si le débiteur est un privé, le cas d’injonction de payer touche :
- la juridiction de proximité, pour une requête d’un privé inférieure à 4 000 euros et ne portant sur l’un des secteurs du ressort du tribunal d’instance. La requête est à procéder sur le formulaire cerfa n°12947*01
- tribunal d’instance du domicile de l’acquéreur pour une demande incluse entre 4 000 et 10 000 euros, ou quand elle semble relative à un engagement de crédit à la consommation, un accord de location d’immobiliers ou se tournant sur l’occupation d’un bâtiment. Le formulaire cerfa n°12948*01 sert pour la requête.
Dans le cas où le débiteur représente un professionnel, seul le tribunal de commerce de sa domiciliation est apte. La requête s’effectue sur cerfa n°12946*01. Par la suite, le formulaire doit être restitué au greffe de la circonscription qualifiée. Il peut être confié par le créancier en personne, un plaideur, un huissier de justice ou tout autre représentant disposant d’un pouvoir spécifique.
L’envoi de la demande doit, dans tous les cas, se faire auprès du greffe du tribunal de la demeure du débiteur et munie de pièces justificatives telles que facture, chèque sans provision… Si elle est accordée, le juge rend un décret d’injonction d’acquitter. Le créancier a 6 mois pour aviser le débiteur. Cet avis se fait par officier ministériel, cela veut dire la résolution au débiteur. Ce dernier dispose d'un mois, après avoir été prévenu, pour s’opposer à cette prescription de sommation de débourser. Dans le mois suivant, faute d’opposition ou de règlement, le créancier sollicite l’acte exécutoire sur la décision. Cette requête se fait auprès du juge qui a statué. Le créancier possède alors un titre exécutoire, à notifier au débiteur. Il pourra par la suite avoir recours à un huissier de justice pour exécuter cette instruction.
L'opposition à injonction de payer
L’opposition à injonction de payer est faite par le débiteur auprès du tribunal compétant qui a délivré l’ordonnance d’injonction. Le débiteur peut soit gagner l’affaire, soit la perdre. Dans ce cas il peut demander un paiement par échelonnement.
Pourquoi un débiteur obtient une injonction de payer
L’injonction de payer est obtenue après une requête par le créancier auprès du tribunal. Elle ne peut être faite que si la mise en demeure à l’amiable a été faite. Concernant le débiteur, une injonction lui est remise s’il n’a pas donné de réponse à son créancier et si la date de cette mise en demeure est dépassée.
L’injonction est une ordonnance délivrée par le juge. Celui-ci appartient à un tribunal compétent selon la nature du conflit et de la somme de la dette.
La signification à personne
Un délai d’opposition n’est valide que s’il y a eu signification à personne. Cette expression désigne la remise de l’injonction de payer entre les mains du débiteur. Sans passer ni par une personne tierce, ni par voie postale (même recommandée), ni aucune autre transmission. L’huissier ou le créancier est donc obligé de remettre la lettre d’injonction de payer entre les mains du débiteur. Le délai d’opposition est nul et même la connaissance de l’injonction le sera aussi à défaut de la signification à personne. Si la lettre est remise à une tierce personne, il est nécessaire de laisser un avis de passage selon l’article 655 et 655 du code de procédure civile.
Pour une personne morale, la signification à personne prend forme quand la lettre est remise au gérant de la société ou toutes autres personnes capables de représenter la société.
Le délai d’opposition, l’opposition de payer
Le délai d’opposition court à partir de la date de la signification à personne pour un mois. C’est-à-dire la date où le débiteur reçoit la lettre d’injonction est entre ses mains. Si la lettre est envoyée par voie postale, le délai est improbable. Le décompte commence là où la signification à personne a été prouvée. De ce fait, la date peut être reportée selon l’article 1416. A partir de ce moment, le débiteur est informé de l’injonction à son encontre et de son droit à l’opposition ainsi que de la date limite.
L’injonction de payer émane du créancier par le biais du tribunal compétent. L’opposition vient donc du débiteur. Pour le faire, le débiteur a trois choix. Soit il envoie une lettre d’opposition recommandée avec accusé de réception au tribunal qui a délivré l’injonction (article 1406 du code de procédure civile), soit au greffe de ce même tribunal, soit en allant directement auprès du tribunal. Pour avoir toutes les chances de votre côté, joignez toutes les pièces justificatives à votre lettre d’opposition, à savoir : l’injonction de payer, et autres documents que vous jugez utiles.
La demande est à faire sur papier avec les mentions ci-dessous :
- Nom, prénoms, adresse, profession, date et lieu de naissance et nationalité. Ou dénomination, forme juridique, siège social, RCS et représentant. Ces renseignements concernent le débiteur physique ou moral ainsi que le mandataire physique ou moral.
- Objet de l’opposition, référence et détails de l’ordonnance d’injonction de payer,
- Argument à l’opposition
- Pièces justificatives
- Autres demandes (dommages et intérêts pour le préjudice de l’injonction à payer, etc.).
Les conséquences d’une opposition
Quand le tribunal recevra une opposition, il convoquera les deux parties pour essayer de trouver une solution. Des lettres recommandées avec accusé de réception seront envoyées depuis le bureau du greffier pour le ou les créanciers et le ou les débiteurs. Les deux parties doivent partager les pièces justificatives et de preuves pour la plaidoirie. C’est la procédure contradictoire. Ceci consiste à faire parvenir les documents à la partie adverse dans un temps limitée par la loi.
Il est d’intérêt aux deux parties de respecter la date de convocation du tribunal. Si les deux parties ne sont pas présentes, l’affaire sera non avenue. Si c’est le créancier qui est absent l’affaire est soit non avenue, soit reportée. Si c’est le débiteur, est absent pendant la convocation, c’est le créancier qui gagne l’affaire.